VERSAILLES.

Les Menus Plaisirs et la Salle du Jeu de Paume Le 14 octobre 2025.
Par une belle journée d’automne, nous nous sommes retrouvés au pied de la statue du roi Louis XIV pour une déambulation sur les lieux de la phase qui a précédé la Révolution française de 1789. Nous avons retrouvé Madame Geugnon qui avait déjà été notre guide quand nous avions visité l’hôtel de affaires étrangères du duc de Choiseul et que nous avions apprécié.
Nous sommes d’abord allés vers l’église Notre-Dame qui avait été le point de départ du cortège des Etats Généraux qui s’est ensuite dirigé vers l’église Saint-Louis. Les finances de la France étaient (déjà!) dans un état calamiteux en raison du coût des guerres de Louis XV et de notre soutien à la guerre d’indépendance des Etats Unis. A l’ époque le poids des impôts reposait pour l’essentiel sur le Tiers Etat. Les ministres Calonne et Necker avaient bien essayé d’introduire un impôt reposant sur une base plus large mais ils s’étaient heurtés à l’opposition de la noblesse, du clergé et du Parlement. C’est donc dans ce contexte que Louis XVI avait pris la décision de réunir les Etats Généraux ce qui n’avait plus été fait depuis Henri IV.
La place (aujourd’hui occupée par un square) qui se trouve devant l’église Notre-Dame avait été décorée sur tout son pourtour par des tapisseries d’Aubusson.Les représentants du Tiers avaient dû se faire faire un habit noir. La noblesse portait un habit chamarré et le clergé un costume noir, violet ou rouge selon le grade. Le roi fût acclamé par la foule ce qui ne fût pas le cas de la reine. Premier grain de sable..
La messe, la mise en place du cortège avaient pris beaucoup de temps et de retard. Au terme du parcours le placement dans l’église Saint-Louis se fit dans un certain désordre. L’évêque de Versailles fit un discours prudent mais non sans allusions aux dépenses excessives de la Cour.
Après ce rappel des événements nous avons pris la direction des Menus plaisirs en passant devant la petite et la grande écurie( la petite abritait les chevaux de trait et la grande les chevaux de monte). La Mairie de Versailles est un bâtiment du 20 éme siècle. C’est en 1788 que la ville eut une municipalité, avant c’était l’administration royale qui la gérait.
L’Hôtel des Menus Plaisirs abrite aujourd’hui le Centre de musique baroque de Versailles. Il hébergeait à l’époque l’administration qui s’occupait des menus, de la vaisselle mais aussi des habits du roi. Il ne reste rien de la salle qui avait été aménagée pour accueillir les Etats Généraux car elle était en bois et a été détruite en 1804. Mais on a matérialisé au sol ce qu’elle pouvait représenter. Les gravures de l’époque donnent une impression de grandeur assez factice car en fait elle n ‘était pas immense. Or elle devait héberger environ 1000 parlementaires et un public nombreux:1500 à 2000 personnes. Tout le monde devait se trouver à l’étroit.
Le 6 mai les travaux peuvent commencer par la vérification des pouvoirs ce qui prend beaucoup de temps. Le 17 juin c’est fait pour le Tiers mais pas pour la noblesse qui prend son temps ce qui exaspère le Tiers qui prend l’initiative de se réunir seul et de se déclarer Assemblée Nationale.
Le 20 juin on ferme la porte d’accès du Tiers qui se réunit tout de même ce qui est interdit par le roi .C’est dans ces conditions que le Tiers cherche un endroit pour se réunir et finalement jette son dévolu sur la salle du Jeu de paume ou il n’y avait pas de joueur. C’est alors que 140 membres du clergé et quelques nobles les rejoignent: une motion recueille 640 signatures. Malgré les injonctions du roi ils refusent de quitter la salle. Au marquis de Dreux Brézé venu les expulser c’est alors que Mirabeau prononce la phrase célèbre » Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes »
La salle du jeu de Paume a été construite en 1694 pour le le roi Louis XIV et a été récemment restaurée. C’est une longue salle avec une galerie pour les spectateurs protégée par des filets car la balle était lourde et pouvait blesser. Les règles du jeu étaient très élaborées : un seul rebond, on peut jour avec les murs….Au départ on jouait avec la paume, puis avec des gants, puis avec un battoir et enfin avec une raquette. 
Du jeu à la main vient l’expression « Jeu de main jeu de vilain ».Mais également d’autres expressions :
– épater la galerie
– tomber à pic
– qui va à la chasse perd sa place
En fait au 18éme siècle ce jeu n’était plus très à la mode.
Au fond de la salle se trouve un tableau inspiré de celui de David qui n’a jamais été terminé. Celui-ci a été réalisé sous le III éme république. 
On peut y voir les principaux protagonistes de ces journées historiques. Au centre sur le côté se trouve une statue de Bailly. Tout autour se trouvent des bustes des acteurs les plus connus. On peut voir notamment un buste de Mirabeau qui bien que noble avait été élu sur une liste du Tiers. A noter qu’il est mort d’une mort naturelle chose plutôt rare dans cette assemblée. Sa dépouille fut conduite au Panthéon mais retirée après la découverte des papiers secrets de Louis XVI montrant son double jeu.
Après cette visite très intéressante qui nous a fait revivre les journées de cette période très agitée de l’histoire de France et après avoir remercié notre guide qui nous a une nouvelle fois enchantés, nous avons regagné notre cité royale, impériale et républicaine.
René BARBERYE
