L’hôpital pavillonnaire de Rambouillet en 1933

  

           

Bertrand Robuchon, architecte du patrimoine

Pour comprendre la logique de l’implantation de l’hôpital de Rambouillet, il faut s’intéresser à l’évolution de croissance de la ville.  Elle s’est développée autour de son château tout au long de l’axe que constitue la rue royale au pied du coteau qui la domine. Le développement de la ville ne peut pas se poursuivre vers l’ouest car le château et son parc l’interdisent. Les conseillers municipaux de Rambouillet se comportent alors en véritables urbanistes en choisissant d’étendre la ville vers la « butte au moulin » sur le plateau nord, avec la construction de la nouvelle église en 1871, de la nouvelle gendarmerie en 1881 et en 1896 du tribunal et de la prison. Puis de la fin du XIXème siècle à la première moitié du XXème, ce développement s’est poursuivi entre le chemin de fer et le château, avec entre autres l’édification du monument aux morts, d’une salle des fêtes en 1935 et d’une nouvelle poste en 1937.

                                      

Lorsque la décision est prise en 1930 de construire un nouvel hôpital, les principes qui prévalaient pour la construction d’un établissement hospitalier imposaient de trouver un emplacement réunissant espace libre, nature et lumière. En effet on comprenait mieux les questions d’infection et les bénéfices de l’air pur. Dans le même esprit que celui des cités-jardins on ne construisait alors des  hôpitaux que sous la forme de pavillons assez espacés pour laisser passer l’air et la  lumière. C’est ainsi que fut retenu par la Commission Administrative les terrains situés au nord-est de la ville, facilement accessibles et sur une hauteur s’ouvrant largement sur la forêt des Yvelines.

                                       

 

L’architecte Maurice Puteaux gagna le concours lancé par la Région en présentant une architecture à la fois régionaliste et fonctionnelle. Le nouvel hôpital était composé d’un ensemble de bâtiments « en peigne » laissant passer largement la lumière entre eux, les espaces libres étant occupés par des jardins. L’ensemble conjuguait le régionalisme par l’utilisation de la pierre meulière, la lumière par la transparence conservée entre les bâtiments et la fonctionnalité par la réalisation de galeries de liaison en sous-sol.                  

Plan de l’hôpital.

                     Par la suite ces caractéristiques ont été profondément remises en cause par les extensions, certes nécessaires  pour agrandir l’hôpital, mais qui sont venues boucher les perspectives, effacer le jardins et changer l’allure par des constructions modernes, sans parler évidemment du nouvel hôpital édifié le long de la rue Antoinette Vernes.          

    

                         

  Pour comprendre l’hôpital de Rambouillet et imaginer son futur il faut revenir à sa conception initiale.     

               

                        Conception initiale.

Les bâtiments principaux (A sur le plan ) , avant tout dédiés à la chirurgie et à l’hospitalisation sont situés en position centrale. Même si l’ensemble donne l’image d’une certain symétrie, l’architecte a fait le choix d’organiser chaque bâtiment de manière identique comme le montrent les volumes en saillies. Les salles de travail et les chambres sont toutes orientées à l’est afin de laisser entrer la lumière matinale par de grandes fenêtres vitrées, le côté opposé étant réservé au couloir de circulation. Dans chaque bâtiment le plan est totalement libre à chaque niveau pour laisser une grande souplesse d’implantation. Ceci est vrai également pour les salles d’opération qui ne sont pas prévues en sous-sol avec de l’éclairage artificiel mais situées en plein centre du bâtiment principal avec de grandes fenêtre laissant entrer la lumière naturelle.

Les bâtiments B qui se présentent comme de vrais pavillons traditionnels en meulière, reliés en 1990 par un bâtiment de liaison, étaient consacrés l’un aux tuberculeux, l’autre à la maternité. Ils répondent aux mêmes critères que les bâtiments principaux.

A ces constructions, il faut ajouter le bâtiment technique à deux niveaux qui n’a pas le même aspect compte tenu de sa destination. Plus intéressants sur le plan architectural sont à mentionner ce que l’on peut appeler les édifices « signals » Le plus visible est évidemment l’entrée principale de l’hôpital, rue Pasteur. Tout en meulière, il se caractérise par  plus de modénatures que les autres bâtiments intérieurs,  ainsi que par son clocher et par son organisation en retrait donnant sur un passage couvert offrant un point de vue sur l’ensemble du site.

                                             Enfin il faut parler de la chapelle totalement en harmonie avec les autres  constructions en meulière. Elle a été restaurée en 1945 avec la réalisation de la fresque par Raymond Cailly et du Christ en croix à partir d’une défense d’ivoire. Une nouvelle restauration a été entreprise en 2013 par l’association PARR, pilotée par l’architecte Laurent Pouyès.    

                  

              Le projet d’édification d’un nouvel hôpital sur un autre lieu dans la ville a amené la municipalité à s’interroger sur le devenir du site de l’actuel hôpital. C’est dans cet objectif qu’a été lancée l’étude qui sert de base à cette conférence. L’hôpital de1933 est un élément constitutif du patrimoine urbain et architectural de Rambouillet. Il doit être conservé. L’étude énumère un certain nombre de préconisations devant présider aux choix qui seront faits

 – retirer les édifices et les éléments architecturaux ne relevant pas du projet conçu par Maurice Puteaux

 – retrouver l’état d’origine des façades (modénatures, menuiseries)

 – retrouver les perspectives vers les grands paysages

 – conserver, entretenir ou restituer les jardins d’agrément entre les bâtiments

 – porter une attention particulière aux interfaces entre les bâtiments préservés et démolis

 – se poser la question de maintenir ou non le bâtiment des services généraux

 – interroger la conservation de la clôture et le rapport du site avec la ville

Un grand merci à Bertrand Robuchon qui a présenté ce passionnant rapport à notre association et a bien voulu nous confier sa documentation pour illustrer ce compte-rendu

                                                                                  Pierre-Yves Burgaud