L’eau un patrimoine Essentiel.

Les conférences de PARR portent d’habitude sur le patrimoine classique,mais il nous est apparu que l’eau faisait aussi partie de notre patrimoine, qui plus est un patrimoine vital car sans eau il n’y a pas de vie. La conférence s’est déroulée en deux temps :

-j’ai traité d’abord de la problématique générale de l’eau et de la situation en France

-puis M.Convert vice-président de la communauté Rambouillet Territoires et maire de Poigny-la -Forêt a traité des problèmes de l’eau au niveau local.

L’accès et la répartition de l’eau devient un sujet qui peut être conflictuel entre les différents utilisateurs nationaux et entre les pays :

-conflit sur l’utilisation de l’eau du Nil : Soudan ,Egypte, Ethiopie

-conflit à propos du Tigre et de l’Euphrate:Irak, Turquie , Syrie

-conflit entre agriculteurs, industriels, minéraliers, consommateurs

La problématique de l’eau

Globalement on ne manque pas d’eau , mais il y a et il y aura des régions ou les périodes estivales seront critiques:ex les Pyrénées orientales. En 2022 700 communes ont été en rupture d’eau. Sur la moitié du territoire on a des arrêtés de crise 10 année sur 10. Le problème se pose surtout dans les lieux qui ne sont pas interconnectés.

Quels sont les principaux usages :

-l’agriculture 3 MM m3

-les centrales nucléaires 600 Mm3

-l’eau potable consommée 5,3MM m3 dont les 2/3 viennent des nappes

  • l’industrie 2,5 MM m3

En ce qui concerne les particuliers , la consommation moyenne se situe entre 120 à 150 litres par jour et par personne se répartissant entre :

  • bains -douches 39%
  • sanitaires 20 %
  • lave-linges 12 %
  • vaisselle 10 %
  • divers 10%

étant précisé que l’on perd 20 % en fuites dans les réseaux.

Le prix de l’eau en France est en moyenne de 4,30 euros le mètre cube, prix qui est jugé trop faible pour financer les investissements indispensables dans l’approvisionnement et l’assainissement.

Les usages de l’eau,comment mieux faire

L’usage agricole.

L’agriculture est une grosse consommatrice mais un agriculteur nourrit aujourd’hui 90 personnes(7 en 1960) grâce à une culture plus intensive. La réduction de la consommation passe par la culture de plantes moins gourmandes ,par la rétention de l’eau dans des zones humides pour éviter de pomper dans des nappes qui peinent à se reconstituer. Il convient également de réduire la consommation de produits qui dégradent la qualité de l’eau et que l’on retrouve dans les nappes des dizaines d’années plus tard. On peut également stocker l’eau dans des retenues collinaires ou des bassines mais ces dernières pompent dans les nappes et ont donné lieu à des contestations prenant des formes ultra-violentes.

On peut développer l’usage d’eau recyclée, technique très peu utilisée en France:1% contre 15% en Espagne mais il y a des limites car en été l’eau sortant des stations peut représenter 40% du débit amont de la rivière. On peut également retenir l’eau derrière des barrages : ex la Compagnie nationale du Rhône avec le barrage de Serre-Ponçon. Mais encore faut-il qu’il y ait de l’eau : certains barrages du Sud-Maroc sont à sec depuis des années.

L’usage Hydraulique

C’est la première des énergies renouvelables:19% de la production et 52% des ENR. En fait l’eau n’est pas consommée. En outre les barrages servent très souvent à autre chose qu’à produire de l’électricité:agriculture, tourisme, pêche, maintien de la navigation.Il y a actuellement 400 concessions , l’Etat étant propriétaire des barrages : EDF 296, Engie 31,Société du Midi 12, Compagnie nationale du Rhône19. Ce nombre pourrait théoriquement être augmenté de 15% mais la pression écologique donne une latitude très faible. Par ailleurs le conflit avec Bruxelles qui voudrait que tous les barrages soient ouverts à la concurrence bloque toute évolution.

A noter qu’EDF est soumise à des injonctions contradictoires :

-il faudrait turbiner au maximum en été car il y a moins de vent pour les éoliennes et il peut y avoir une réduction de puissance des centrales nucléaires en bord de rivière pour ne pas trop réchauffer l’eau mais

-EDF doit maintenir un certain niveau jusqu’en septembre quand il y a un usage touristique de la retenue. En plus Il y a une obligation de maintenir un débit réservé du cours d’eau en aval : 1/10éme ou 20% selon le débit.

Certaines techniques permettent d’augmenter la capacité du barrage : rehaussement, augmentation du nombre de groupes, installation de steps là ou c’est possible

Le cas particulier des centrales nucléaires.

Actuellement la France compte 18 centrales dont 13 en bord de rivières et 56 réacteurs. Un nombre important de nouveaux réacteurs est programmé pour les prochaines années. Il y a 2 types de centrales : à circuit ouvert avec rejet de l’eau utilisée ce qui provoque un réchauffement qui doit être limité à 2 degré,à circuit fermé avec une faible consommation d’eau. Le problème de l’implantation des futures centrales se pose:soit en bord de rivière avec des problèmes éventuels de débit insuffisant, soit en bord de mer mais le niveau de la mer augmente.

L’eau potable

IL convient de réduire cette consommation d’abord en optant pour une douche plutôt qu’un bain, en installant des récupérateurs d’eau de pluie et en installant des robinets mousseurs qui réduisent la consommation de 10%. En outre il convient de limiter au maximum les pertes dans les réseaux qui sont en moyenne de 20% mais qui peuvent atteindre 50%.Le taux de renouvellement du réseau est actuellement de 150 ans ce qui est tout à fait excessif.Or de nouvelles technologies permettent maintenant de localiser précisément l’endroit des fuites Il faut également développer les inter connections quand c’est possible. Ce qui ne l’est pas toujours en montagne ou beaucoup d’écarts sont alimentés par des sources et ne peuvent être connectés en raison des coûts prohibitifs.

L’administration de l’eau

Il est apparu que les problèmes d’eau et d’assainissement ne pouvaient être traités au seul niveau de la commune, d’ou la création :

-des PTGE projets des territoires

-des commissions locales de l’eau

-des SAGE( schémas d’aménagement et de gestion de l’eau)

-des SDGGE(schémas directeurs d’aménagement et de gestion de l’eau) un par bassin.

Le gouvernement avait prévu le transfert de la compétence eau aux communautés mais il revient aujourd’hui vers une formule plus souple.

La gestion de l’eau est un sujet complexe ou toute solution à son revers. »En politique le choix n’est pas entre le bien et le mal mais entre le préférable et le détestable »(R.Aron)

Les problèmes locaux de l’eau

La région de Rambouillet pour la gestion de l’eau dépend de trois entités administratives. Rambouillet manque d’eau malgré la présence de trois puits avec la difficulté qu’ils sont en milieu urbain ce qui oblige à une grande vigilance sur la qualité . Grâce aux interconnections avec les syndicats de la communauté et même hors de la communauté, la ville n’a jamais manqué d’eau et a toujours pu maintenir une excellente qualité. Des travaux considérables et très coûteux ont été effectués pour d’abord réduire les risques d’inondation de la zone de Groussay avec la réalisation d’un énorme réservoir souterrain et et des travaux sur le tunnel souterrain qui traverse le parc du château. Ensuite la construction d’une nouvelle station d’épuration à la sorte de Rambouillet en allant vers Gazeran. Par ailleurs des mesures ont été prises pour obliger les particuliers à séparer l’évacuation de eaux pluviales et des eaux usées. Cela évite d’engorger la station d’épuration avec des eaux pluviales qui n’ont pas de raison d’être traitées.

René BARBERYE