POISSY, la villa SAVOYE et la collégiale Notre-Dame
14 mai 2025
Nous étions 37 au départ de Rambouillet et sous un beau soleil pour cette journée de découverte de Poissy organisée par notre ami Yves Pacault.
Nous avons commencé par une visite de la villa Savoye construite sur les plans de Le Corbusier dont j’avais rappelé à grands traits la carrière. Quelques éléments peu connus :

-son vrai nom était Charles-Edouard Jeanneret dit Le Corbusier
-il n’était pas français de naissance. Il était né en 1887 à La Chaux de Fonds en Suisse
-il n’avait pas de diplôme d’architecte mais il avait été admis dans l’Ordre par le Président Auguste Perret dont il était proche par mesure d’exception
-Il avait adhéré au PPF, le parti fasciste de Doriot et avait été proche du régime de Vichy pendant la guerre. Il n’échappa que de peu à l’épuration à la Libération.
-à sa mort à 77 ans en 1965 il eu droit néanmoins à des obsèques nationales
-17 de ses réalisations( 7 pays, 3 continents) sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO
Il a laissé de nombreuses œuvres reconnues. On peut citer entre autres :
-les villas blanches dont la villa Savoye
-le front de mer d’Alger
-des pavillons pour les expositions universelles
-la chapelle N-D du Haut à Ronchamp
-la cité radieuse à Marseille dite « la maison du Fada »
-la ville de Chandigarth en Inde etc…
La villa Savoye a été construite entre 1929 et 1931 à la demande des époux Savoye. Pierre était administrateur d’uns société de courtage en assurance aujourd’hui « Gras-Savoye ». Elle incarne ce qui pour lui était l’essentiel de l’architecture moderne : l’absence d’ornements,les formes géométriques,le verre, le béton armé. Ce qui se traduisait par cinq points primordiaux : pilotis, façade libre, fenêtres en bandeau, plan libre et toit-terrasse.


C’était une résidence secondaire en fait peu habitée par les époux Savoye. Occupée pendant la guerre par les allemands puis les américains , elle faillit être détruite. Classée monument historique en 1965, elle figure dans la liste de l’ UNESCO.
Sous la conduite d’uns conférencière, nous sommes entrés par l’arrière dans le vestibule qui est pourvu d’un lavabo surprenant mais intégrant ainsi les principes hygiéniste de l’architecte. A ce niveau on trouve les deux chambres de domestiques, le studio du chauffeur, la buanderie-lingerie et le garage. Celui-ci pouvait accueillir trois voitures. L’accès à l’étage se fait par une rampe qui permet de profiter des points de vue sur les volumes,des jeux de lumières et de la nature et par un escalier hélicoïdal destiné aux domestiques.
Au premier étage se trouvent les espaces d’habitation. Un séjour de 86 m2 dispose d’une baie vitrée coulissante s’ouvrant sur la terrasse et de murs colorés. Cette pièce servait de salon et de salle à manger. La cuisine est accessible par l’office équipé de placards et d’un passe-plat. Les rangements et plans de travail sont carrelés.


La chambre d’amis dispose d’une penderie intégrée et d’un cabinet de toilettes. A noter que la maison dispose d’un chauffage central. La chambre du fils comprend un espace nuit et un coin bureau. La salle de bains est accessible aux amis et au fils par ses deux portes.
La chambre des maîtres de 60 m2 comprend une entrée, une salle de bains et une chambre. Le boudoir, petit salon ou bureau possède une tablette intégrée sous la fenêtre.

Le toit jardin comprend un jardin couvert muni de fenêtres qui protégent du vent et de la pluie et un jardin ouvert. Au cœur de la villa le toit jardin constitue un immense puits de lumière naturelle dans presque toutes les pièces. Le solarium du deuxième étage évoque le style paquebot.
Quelque soit l’appréciation portée sur cette construction en fonction de ses propres goûts, on ne peut nier sa modernité qui inspire de nos jours beaucoup de maisons. Elle présente toutefois deux inconvénients plus sensibles de nos jours : mal isolée, il y fait froid l’hiver et chaud l’été.Par ailleurs ce très grand volume ne pouvait héberger que quatre personnes.
Grâce à nos conférencières nous avons pu mieux comprendre les principes qui sous-tendent cette réalisation exceptionnelle.
Midi venant nous nous sommes dirigés vers le restaurant « Les Batignoles » ou nous attendait un repas sympathique et convivial.
L’après-midi, après la matinée marquée par le modernisme, a été consacrée à la collégiale Notre-Dame et un retour au passé.


Poissy est aujourd’hui une ville de 40 000 habitants, intégrée dans l’agglomération parisienne et marquée par l’industrie automobile. Mais c’est une cité qui fut une des plus anciennes cités royales d’île de France. Située sur une voie romaine, elle était sous les mérovingiens le siège d’un archidiaconat relevant du diocèse de Chartres. C’est Robert le Pieux (996-1031), le fils d’Hugues Capet qui en fit une demeure royale et qui fit construire l’église Notre Dame. En 1188 Philippe Auguste donne des institutions communales à la ville en échange de la prise en charge des fortifications et de l’ost ( c’est à dire la participation à l’armée royale). La ville en effet est entourée d’une enceinte détruite au 19éme siècle.La ville est alors administrée par un maire et 12 pairs.
Elle est le siège d’un important marché aux bestiaux, essentiel pour l’alimentation de Paris en viande.
Elle souffre des guerres avec les anglais:elle est pillée et incendiée à deux reprises en1346 et 1441.
En 1561 elle est le siège d’un événement historique, le colloque de Poissy qui cherche à réconcilier protestants et catholiques. Catherine de Médicis et son chancelier Michel de l’Hospital avaient placé beaucoup d’espoir dans ces échanges mais ces espoirs furent déçus.
A la Révolution , les églises et les couvents furent déclarés biens nationaux ce qui a conduit à des destructions.
En 1835 la collégiale est restaurée par les architectes Goy, Viollet le Duc et Formigé. Au 20 éme siècle les usines automobiles s’installent à Poissy : Ford, SIMCA, Chrysler, Peugeot, Stellantis.
Une conférencière nous a fait entrer dans la compréhension de la collégiale qui est une construction complexe avec des éléments romans et gothiques modifiées à plusieurs reprises.
Le clocher porche constitue l’élément le plus ancien de la fin du 11éme siècle. Sa flèche de pierre a été refaite en 1896. La nef et la tourelle d’escalier du clocher ont été élevées dans le deuxième quart du 12éme siècle.

Le clocher central situé sur la travée de la nef précédant le chœur est une partie très bien conservée de l’édifice. Les tours centrales dans les églises du 12 éme siècle sont peu communes. De nombreux clochers de la région se sont inspirés de celui de Poissy.
Deux portails donnent accès à l’église. Les voussures du portail de gauche portent des statuettes d’anges musiciens et le tympan représente symboliquement l’Annonciation. La porte de gauche très ouvragée est particulièrement belle.
La nef centrale n’ayant pas de transept, n’a pas la forme d’une croix mais d’un chemin bordé des douze piliers symbolisant les 12 apôtres et les 12 tribus d’Israel. Dans le chœur les fenêtres ogivales du 14éme siècle ont été remplacées au 19 éme par des oculis. Le baptistère ou a été baptisé Saint Louis se trouve à droite et à non au fond de l’église comme il est de tradition. Il est entouré d’une grille car la soif des reliques conduisait au fil des ans à des dégradations.
Dix huit chapiteaux romans groupés par trois, antérieurs à la construction de l’église soutiennent les voûtes dans les travées du bas côté les plus proches du choeur. Un seul groupe est historié. Au centre un animal est dressé sur une arcade romane.
A l’intérieur toujours une très belle statue d’Isabelle de France( vers 13éme) qui était la fille de Saint Louis et de Marguerite de Provence. Elle représente une jeune fille en prière, les yeux mi-clos.

Une autre statue datant de 1480 représente Saint Barbe qui est la patronne des pompiers. En raison de sa foi chrétienne, elle avait été enfermée par son père qui voulait la tuer. Mais au moment ou il lève son glaive, il est foudroyé. La statue est hanchée comme les vierges des 14éme et 15éme siècles.
Une mise au tombeau qui est au fond de l’église et qui est du 16éme siècle est exceptionnelle. Le Christ est mis au tombeau par Nicodème et Joseph d’Arimathie .

Saint Jean réconforte Marie. Ils sont entourés par trois femmes : Marie-Salomé, Marie Cléophas et Marie de Magdala.
L’autel qui date du début du 14 éme siècle provient du prieuré royal détruit au 19éme siècle. Enterré à ce moment il a été redécouvert dans la propriété d’une famille protestante qui l’a offert à la collégiale en signe de bonne entente entre les deux religions.
La ville de Poissy comporte beaucoup d’autres choses moins considérables mais qui méritent l’intérêt. A noter pour les amateurs la liqueur «le noyau de Possy» qui existe depuis le milieu du 19 éme siècle.
Après cette belle journée nous avons regagner notre bonne ville de Rambouillet après ces deux visites fort intéressantes.
René BARBERYE