La basilique Saint-Denis, reconstruction de la flèches.

                                                Plan de la nouvelle flèche.

    La basilique de Saint-Denis va retrouver sa deuxième flèche

     Lors de notre dernière visite, nous avions pu remarquer que l’église avait de toute évidence perdu une flèche présente à l’origine. Si on observe l’image donnée en 1842 par les frères Rouargue, la tour de gauche est bien surmontée d’une flèche qui est d’ailleurs beaucoup plus haute que celle de droite puisqu’elle culmine à 90 mètres. En fait cette flèche du 12 éme siècle a été démontée en 1846 après avoir été frappée par la foudre. A l’époque les pierres avaient été démontées dans la perspective d’une réutilisation pour une reconstruction.

     Depuis celle-ci était restée à l’état de projet. En 1992 J. Lang avait chargé un inspecteur des monuments historiques de faire une étude technique qui n’avait jamais débouché. C’est l’arrivée d’un nouvel architecte chargé de la restauration en 2012 M. J. Moulin qui réussit à entraîner un comité de soutien mené par E. Orsenna qui relança le projet. Séduit F. Hollande chargea sa ministre de la culture Audrey Azoulay d’en étudier la faisabilité. Cette dernière en 2017 saisit la commission des monuments historiques qui par 8 voix contre 6 se prononça pour. Avec toutefois une réserve importante : que ce projet de « vraie fausse flèche » ne soit pas porté par l’Etat.

      Pourquoi ce qualificatif un peu dépréciatif ? Par ce que les pierres originelles conservées ne pourraient pas être réutilisées en raison de leur état. Toutefois les nouvelles pierres seront extraites des mêmes carrières de l’Oise. Restait bien sûr le problème compliqué du financement des travaux.

     A quelques fois malheur est bon. C’est l’incendie de Notre-Dame qui va permettre de sortir de l’impasse financière. Dans l’émotion de l’incendie, les départements voisins avaient voté une aide de 20 millions d’euros pour la cathédrale avant de se rendre compte qu’il y avait assez d’argent avec les dons privés. Ils ont alors proposé au nouveau maire de  Saint-Denis de les consacrer intégralement à la basilique.

       Ce dernier ancien opposant au projet, comprend vite que c’est une opportunité à l’occasion des JO de 2024 de mettre encore un peu plus sa ville en lumière alors qu’elle ne jouit pas d’une excellente réputation. Un plan de financement est mis au point:22M par les départements, 5M par la région, 4,5M par la métropole du Grand Paris, 1M par le groupe Vinci et quelques mécènes.

      Mais le combat n’était pas terminé car un certain nombre de conservateurs du patrimoine mettait en avant un nouvel argument : la nouvelle flèche de 240 tonnes allait peser sur la base de la tour et la fragiliser. Or cette flèche a été là pendant des siècles ce qui montre que cette base peut la supporter. Néanmoins la base a été renforcée.

       Une étape importante vient d’être franchie en ce début d’année puisque la ministre de la culture Mme Rachida Dati  est venue symboliquement marquée le lancement des travaux.

      Par ailleurs un mécénat original a été imaginé pour boucler le budget : outre un coq ,25 gargouilles, 8 fleurons et 18 chapiteaux ,1525 pierres devront être taillés. Le financement de chacune de ces pièces va être proposé au public pour un montant variant de 15 à 3000 euros, chaque pierre donnant lieu à un certificat.

     Ce chantier permettra à certains artisans libérés par la fin de celui de Notre-Dame, de trouver une occupation durant quatre ans : environ 130 artisans dont 40 tailleurs de pierre.

     Ce monument occupe une place très particulière dans l’histoire de France depuis le moyen-âge. Outre son chevet et sa nef du 13 ème siècle qui ont un intérêt architectural et décoratif incontestable, elle abrite 72 et  tombes et gisants allant du moyen-âge au 19 ème siècle.

     Espérons que cette opération et une plus grande exposition permettront de la faire mieux connaître du public. Aujourd’hui elle suscite un faible intérêt : 100 000 visiteurs par an ce qui est peu. Est-ce la crainte notamment pour les étrangers de s’aventurer dans une ville qui ne jouit pas d’une bonne réputation au plan de la sécurité ? Pourtant l’accès depuis Paris est très rapide par le métro qui débouche sur le parvis.

                                                  René BARBERYE