Faut-il mettre des vitraux contemporains dans N-D de Paris ?

Une polémique enfle au sujet du remplacement des vitraux de six chapelles du bas-côté sud par des vitraux contemporains, décidé par le président de la République. Il convient de préciser que ces vitraux qui n’ont pas été touchés par l’incendie et qui ont été restaurés récemment datent de la période Violet le Duc. Seuls les vitraux des roses nord, ouest et sud datent du moyen âge.

En 2020 un premier projet d’installation de vitraux contemporains avait été imaginé par le diocèse de Paris. Ce projet avait suscité une levée de boucliers et avait été retiré. A l’époque Mme Bachelot ministre de la culture avait déclaré « La France est signataire de la charte de Venise qui fixe depuis 1962 la déontologie des restaurations et des créations dans les monuments historiques et interdit le remplacement des éléments existants . En tout état de cause, les vitraux des chapelles sont classés monuments historiques et font partie intégrante du monument ».

     Or un projet est relancé et un comité artistique présidé par l’ancien directeur du musée national d’art moderne doit ouvrir un appel à candidature et désigner un binôme lauréat, un artiste et un verrier, en novembre 2024. C’est un projet porté par le président de la République et l’archevêque de Paris. L’idée est de marquer un geste contemporain dans la cathédrale.

     Ce projet a suscité l’opposition de nombreux historiens et conservateurs qui s’étaient déjà mobilisés pour la reconstruction de la flèche à l’identique. Une pétition a été lancée qui avait recueilli  fin décembre 130000 signatures.

      Mme Maryvonne de Saint-Pulgent qui a été directrice générale du patrimoine de1993 à 1997 au ministère de la culture et directrice de la Caisse des monuments historiques et des sites s’est élevée contre ce projet. Elle a déclaré le 8 février « Pourquoi remplacer ses vitraux, si ce n’est par mépris de l’artiste ? Non seulement on ne remplace pas une ?œuvre existante mais la restauration réalisée par l’architecte au XIX éme siècle était une œuvre totale ».

      Le projet doit être examiné en mai par la commission nationale du patrimoine et de l’architecture qui doit se prononcer sur sa compatibilité avec le monument. Pour essayer de calmer le jeu le président lors de sa visite de décembre a annoncé la création dans l’Hôtel Dieu d’un musée de l’Œuvre Notre Dame . Les verrières déposées y seraient présentées.

     L’idée de promouvoir la création de vitraux contemporains est intéressante en soi mais n’y a t il pas d’autres églises ou cathédrales dont les vitraux ont disparu, qui pourraient utilement les accueillir ? Ne serait il pas plus raisonnable, plus consensuel et moins coûteux de remettre les vitraux actuels à leur place initiale ?

                                                  R.BARBERYE